<script src="//s1.wordpress.com/wp-content/plugins/snow/snowstorm.js?ver=3" type="text/javascript"></script> Un autre aspect…: décembre 2013

mardi 24 décembre 2013

"En ce temps-là, était paru un décret de César Auguste..."




"En ce temps-là, était paru un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier." (Luc 2, 1)

Savez-vous pourquoi le mois de février est si court ? C’est parce que l’empereur César Auguste a voulu un mois consacré à sa gloire, le mois qui porte son nom : août, c’est-à-dire Auguste. Et il a rajouté un jour au mois d’août pour que son mois n’en compte pas moins que le mois de Jules César, juillet : le jour ajouté en août a été retiré à février. Tel est le pouvoir de César Auguste. Déjà de son vivant, il trône parmi les dieux — voué à entrer à sa mort dans son apothéose, c’est-à-dire sa divinisation. Comme le Pharaon au temps de Moïse, César Auguste siège dans la compagnie divine.

Aujourd'hui, lui qui a pouvoir sur le monde entier en décrète le recensement : il veut compter tous ses sujets ! Pour cela, le voilà qui bouleverse le quotidien de tout un chacun. Chacun doit se rendre dans sa ville ancestrale, ce sont ses ordres.

C'est ainsi qu'il envoie une famille dont il ignore même l’existence, une famille galiléenne, à l’autre bout du pays, à Bethléem en Judée, lieu d’origine de l'homme, Joseph. La femme, Marie, enceinte, devra accoucher dans une étable : il n’y a pas d'autre place pour passer la nuit.

Qui, alors, ne connaît pas César Auguste ? Qui, alors, connaît l’enfant qui naît d’une mère sans toit que le puissant César Auguste ballote sur les routes sans même savoir qu’elle existe, au bras d'un Joseph désemparé, alors que les douleurs de l’accouchement se font sentir, et qu’on ne trouve toujours pas de toit ?

Finalement, malgré les difficultés, l’accouchement s’est bien passé, et même mieux — cela aussi l’empereur l’ignore — il a eu lieu conformément aux prophéties : Dieu a donné un autre sens, un sens éternel, à ce qui se passe ce jour. De toute éternité, il est dit que le Fils de Dieu naîtra là, dans ces condi­tions, pour le salut des hommes, malgré l’empereur, et à travers ses décrets.

Il ignore la femme qu’il ballote sur les routes, et sa grossesse, lui César Auguste adoré comme dieu — comme antan Pharaon. Mais comme pour l'antique Pharaon, qui de nos jours célèbre César Auguste, empereur de toute la Terre, qu’il bouleverse par ses décrets ?

Quant à l’enfant, alors ignoré de tous, et surtout de l’empereur, c’est sa naissan­ce que nous célébrons, avec les anges, comme l’événement le plus important de l’histoire du monde, l’événe­ment à partir duquel nous datons tous les autres événements, y compris le temps du règne lointain, et devenu un parmi d’autres, de l’empereur César Auguste. N’apprend-on pas aujourd’hui, superbe ironie, que César Auguste avait été mis au rang des dieux en 12 avant… Jésus-Christ !?

Tel est le signe de Dieu. Telle est la façon surprenante dont Dieu manifeste sa puissance ; car, dit-il, « ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». C'est la nuit d'un nouvel Exode, la nuit de la liberté, où l'enfant qui échappe à la puissance, et même à la connaissance de César Auguste, cet autre Pharaon de toute la terre, nous libère de tous nos esclavages et nous fait passer à la liberté nouvelle.


RP,
Poitiers, Veillée de Noël 2013


dimanche 1 décembre 2013

Cadeau de Noël




Tout a commencé dans une parole faisant advenir le monde des ténèbres à la lumière ; faisant advenir le chaos de 13, 8 milliards d’années au jour de la parole créatrice prononcée dans la lumière ; une parole qui résonne dans le temps du récit de la Genèse : selon la tradition juive il y a 5774 ans... Et à nouveau dans la promesse des prophètes. Ésaïe (9, 1) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. » Ce texte lu au temps de Noël nous rappelle que cette même parole qui fait sortir la vie des ténèbres est à nouveau au recommencement de toute chose. Car le monde, qui n’est pas pleinement sorti de la nuit, est appelé à renaître, à accéder à sa plénitude en paraissant en pleine lumière.

C’est cette espérance séculaire de la venue de la lumière de la délivrance, signifiée par toutes les fêtes de lumière des différents cultes, qui s’est réalisée à Noël. L'origine la plus vraisemblable du mot Noël serait dans le gaulois noio hel signifiant « nouveau soleil ». Les origines de la fête s'enracinent dans les célébrations de la lumière, comme le culte du « soleil invaincu » chez les Romains et les autres fêtes de solstice des pays nordiques. Avant la réforme du calendrier par Jules César, le solstice d'hiver correspondait au 25 décembre du calendrier romain et les festivités ont continué de se tenir à cette date même après que le solstice eût correspondu au 21 décembre du calendrier julien.

C’est cette espérance d'une lumière nouvelle, qui nous a rejoints, parole faite chair, faite enfant que nous fêtons à Noël — 2013 ! Ici, comme nouveau soleil, c'est à la Parole créatrice qu'il est fait référence, et à la lumière qui en est le premier effet. Une lumière qui précède toute lumière. Celle du soleil vient ensuite (au 4e jour selon la Genèse. Elle ne fait que commencer à naître selon le temps du solstice d’hiver) : mais la lumière que nous célébrons est la vraie lumière, qui éclaire tout être humain venant dans le monde.

En cette Parole, créatrice, est « la lumière du monde », avant la lumière naturelle (Jean 1, 9-10). Lorsqu'elle s'exprime, la lumière apparaît : « Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut » (Genèse 1, 3). Cette vraie lumière est la lumière spirituelle dans laquelle le monde prend forme. Cette lumière est celle de Noël. Le déroulement ultérieur de la création est le développement de cette illumination du monde, de sa sortie du chaos et des ténèbres. Les choses s'ordonnent en se distinguant, en se séparant : ainsi en premier, le jour d'avec la nuit.

C'est cette même Parole qui nous fait venir à l'être qui peut aussi nous faire venir à la vie de Dieu, à la vie éternelle, pourvu que nous l'accueillions. Car le monde, dès lors qu'il ne reçoit pas cette Parole par laquelle il existe, est dans les ténèbres, selon que c'est cette Parole qui sépare la lumière des ténèbres.

Cette parole de lumière vient à Noël, comme petit enfant, de sorte que nous puissions l’accueillir le plus simplement… Donnant, à qui l’accueille, le pouvoir de devenir enfant de Dieu. Autant de porteurs de cette Parole qui fait venir à la vie, lesquels ne sont pas nés de la chair, mais de la volonté de Dieu. Recevoir la Parole qui fait advenir à la vie dans l’éternité — c'est le vrai Cadeau de Noël !